
Actualité n° 259 du 28/01/2009
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Les exosomes des glioblastomes contiennent des biomolécules favorisant le processus tumoral et des biomarqueurs potentiellement utilisables en pratique clinique. Traduit par Ahmed Idbaih (Service de neurologie Mazarin, Pitié-Salpêtrière, Paris)
Skog J, Würdinger T, van Rijn S et al.
Nat Cell Biol. 2008 Dec;10(12):1470-6.
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Les glioblastomes sont les gliomes diffus les plus fréquents et les plus graves chez l’adulte. Malgré l’émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques ayant permis des progrès significatifs, le pronostic des patients atteints de glioblastome reste sombre avec une survie globale médiane inférieure à 24 mois. Une meilleure compréhension de la tumorigénèse moléculaire et cellulaire de ce type tumoral est une étape indispensable pour concevoir de nouveaux traitements et identifier de nouveaux biomarqueurs qui permettront d’améliorer la prise en charge des patients atteint de glioblastome.
Dans cette étude, Skog et al. ont analysé les microvésicules (ou exosomes) libérées par les cellules tumorales de glioblastomes. Ils ont montré que les exosomes étaient capables: (i) de favoriser le processus tumoral via les biomolécules qu’ils contenaient et (ii) de migrer et de circuler dans le sang des patients.
En effet, les exosomes libérés par les cellules tumorales de glioblastome sont, en partie, endocytés par les cellules environnantes (les cellules vasculaires notamment). Or, ces exosomes contiennent des ARNs messagers codant pour des protéines majoritairement impliquées dans les processus d’oncogénèse (en particulier la prolifération cellulaire et la néo-angiogénèse tumorale). Ces protéines sont biologiquement fonctionnelles et donc capables de détourner la cellule environnante au profit de la croissance tumorale.
Les auteurs ont également montré que certains ARNs messagers, présents dans les exosomes, codaient pour des protéines oncogéniques comme l’EGFRvIII (le variant tronqué III du récepteur au facteur de croissance épithélial). Ces ARNs messagers détectables dans les microvésicules isolées dans le sang des patients peuvent donc constituer d’excellents biomarqueurs sériques.
Enfin, Skog et al. ont mis en évidence, toujours dans les exosomes, des protéines dont la libération dans les espaces intercellulaires favoriserait l’angiogénèse tumorale notamment.
Les exosomes ont donc un double intérêt, biologique et clinique. En effet, ils constituent un moyen pour la cellule tumorale de détourner son microenvironnement à son profit et de favoriser ainsi le développement tumoral. Au lit du patient, le recueil des exosomes et l’analyse de leur contenu moléculaire pourraient constituer une piste intéressante pour la surveillance biologique des patients atteints de glioblastome.
Date de publication : 22-01-2009
Pubmed : 19011622
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