07/09/2019
GFME actualité 696
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Actualité de la recherche scientifique 696 sur le glioblastome


L'hypothermie modérée (28°) inhibe à la fois la prolifération et la migration des cellules de glioblastome humain

 

Actualité 696 du 7 septermbre 2019

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Article original

J Neurooncol. 20 août 2019

Auteurs : Fulbert C 1, Gaude C 2, Sulpice E 3, Chabardes S 2, 4, 5, Ratel D 6. 1 Univ. Grenoble Alpes, CEA, LETI, Clinatec, 38000, Grenoble, France. 2 Univ. Grenoble Alpes, CEA, LETI, Clinatec, 38000, Grenoble, France. 3 Univ. Grenoble Alpes, CEA, INSERM, IRIG-BGE U1038, 38000, Grenoble, France. 4 Département de neurochirurgie, CHU Grenoble Alpes, 38000, Grenoble, France. 5 Grenoble Institut des Neurosciences, Univ. Grenoble Alpes, Inserm U1216, 38000, Grenoble, France. 6 Univ. Grenoble Alpes, CEA, LETI, Clinatec, 38000, Grenoble, France.


Objectifs :

Le glioblastome est la tumeur maligne du cerveau la plus agressive. Malgré des traitements multimodaux, la survie médiane n'est que de 15 mois pour les patients atteints de glioblastome , la tumeur étant récurrente dans les marges de la résection après l'ablation chirurgicale. L'hypothermie est en train de devenir un traitement intéressant et sans danger pour plusieurs affections. Dans le contexte du glioblastome , nous proposons qu'une hypothermie modérée pourrait inhiber la prolifération et la migration des cellules et aider ainsi à prévenir la croissance tumorale secondaire.

Méthodes :

Des expériences in vitro sur des lignées cellulaires de glioblastome humain A172, U251, U87 et T98G ont permis d' explorer les effets d'une hypothermie grave (23 ° C), modérée (28 ° C) et légère (33 ° C). Nous avons également étudié les effets de l'hypothermie modérée sur la prolifération cellulaire, la migration, la morphologie et la distribution du cycle cellulaire.

Résultats :

Des résultats similaires ont été obtenus avec les quatre lignées cellulaires, indiquant un effet cohérent et large de l'hypothermie modérée. L’hypothermie a inhibé la prolifération cellulaire et la migration non orientée d’une manière dépendant de la dose, avec une réduction significative à 33 ° C et un arrêt presque total à 28 ° C. L'arrêt de la prolifération cellulaire était durable et la migration cellulaire orientée était également réduite à 28 ° C. De plus, une hypothermie modérée a altéré de manière significative la distribution du cycle cellulaire, les cellules s’accumulant dans la phase G2 / M, entraînant un arrêt du cycle cellulaire. Enfin, l'hypothermie à 28 ° C a également affecté la morphologie cellulaire en détériorant les membranes cellulaires et en modifiant la forme des cellules.

Conclusions :

Les résultats présentés démontrent qu'une hypothermie modérée pourrait constituer un traitement adjuvant prometteur pour le traitement du glioblastome , car elle inhibe fortement la prolifération et la migration des cellules. Si des résultats précliniques in vivo corroborent nos résultats, une hypothermie thérapeutique appliquée aux marges de la résection pourrait probablement retarder la récurrence de la tumeur, combinée aux traitements actuels.

 

Mots clés : Cycle cellulaire ; Glioblastome ; Hypothermie ; Migration ; Prolifération

Vocabulaire :
Hypothermie

L'hypothermie est une situation accidentelle et anormale où la baisse de la température centrale d'un animal homéotherme (« à sang chaud ») ne permet plus d'assurer correctement les fonctions vitales.

Hypothermie légère (35 °C à 32,2 °C)
Le patient reste conscient, mais avec des phases d'amnésie, d'apathie, ou de difficulté d'élocution. Il a des troubles du jugement et d'adaptation à la situation. Il existe une vasoconstriction cutanée avec peau pâle et froide, frissons et horripilation. La pression artérielle et la fréquence cardiaque sont élevées. La respiration rapide (tachypnée) mais avec une faible amplitude thoracique. L'auscultation montre un encombrement bronchique, parfois associé à un bronchospasme. Les réflexes ostéotendineux sont vifs. On observe des troubles urinaires : polyurie (urines abondantes), dysurie (difficulté à uriner).

Hypothermie modérée (32,2° à 28°C)

Il existe un ralentissement global et continu du psychisme (bradypsychie), avec trouble permanent des fonctions supérieures et de la parole. L'état du patient va de l'obnubilation au coma. On constate une dilatation des pupilles et une disparition du réflexe photomoteur. L'entrée dans le coma peut être précédée d'une phase d'excitation cérébrale (sensation d'ivresse) puis de bien-être avec endormissement euphorique. La peau est glacée et cyanosée. Des marbrures peuvent apparaître en cas de collapsus cardiovasculaire. Il n'y a plus de frisson, mais une hypertonie musculaire avec des trémulations (tremblements localisés très fins). Les réflexes ostéotendineux sont diminués. La fréquence cardiaque est ralentie, la pression artérielle abaissée voire imprenable. La fréquence respiratoire est diminuée. L'encombrement bronchique est abondant avec un risque d'inhalation des sécrétions. L'électrocardiogramme montre une bradycardie sinusale (rythme normal mais ralenti). Des troubles du rythmes peuvent apparaître comme une fibrillation atriale.

Hypothermie sévère à moins de 28° C

Le patient est dans le coma. En dessous de 28 °C, il y a un risque d'arrêt cardiaque par fibrillation ventriculaire. En dessous de 25° C, il peut être en apnée. En dessous de 20°C, le patient peut être en état de mort apparente avec un tracé plat à l'électroencéphalographie (EEG) ce qui ne doit pas arrêter la poursuite de la réanimation. En effet, dans cette situation, des survies ont été signalées, surtout chez l'enfant. Un décès médico-légal par arrêt cardiorespiratoire et/ou EEG plat doit être déclaré en normothermie, c'est-à-dire qu'une personne en hypothermie ne peut être considérée comme morte qu'après un réchauffement médical en milieu hospitalier3.


Pubmed : 31462642

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