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Actualité scientifique 59 des glioblastomes


Un virus du froid modifié, le Delta-24-RGD-4C dévore les glioblastomes

Actualité n° 59 du 24/12/2003

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Des virus du froid génétiquement modifiés terriblement efficaces sur des glioblastomes de souris.

WASHINGTON 6 Mai 2003 Les scientifiques ont génétiquement modifié un virus commun de froid de sorte qu'il puisse détruire le type le plus mortel de tumeur de cerveau tout en ne nuisant pas au tissu sain voisin.

L'expérience a tellement bien fonctionné chez les souris que les chercheurs espèrent commencer l'étude sur les glioblastomes chez l'homme, l'année prochaine au plus tard.

Les scientifiques ont implanté des glioblastomes humains à l'intérieur des cerveaux de souris, puis ont injecté le virus expérimental directement dans les tumeurs. Les souris non traitées sont mortes en 19 jours, mais 60% des souris traitées avec delta-24-rgd-4c étaient vivantes et prospérantes après quatre mois.

Les scientifiques ont alors euthanasié les souris survivantes pour voir ce qui s'éatit produit l'intérieur de leurs cerveaux et ont trouvé des cavités vides à l'emplacement des tumeurs.

"Chacun ici est très excité par cette découverte parce que nous n'avons jamais vu de tels résultats se produire avec les souris" indique le Dr. Frederick Lang, chercheur et neurochirurgien au centre de Cancer du M.d. Anderson de Houston.

Il a toutefois précisé que ces résultats spectaculaires n'assurent pas que les virus travailleront aussi bien chez les hommes. Les scientifiques ont trouvé des thérapies chez les souris qui ont ensuite échoué chez les patients.

"C’est une étude intéressante," a dit le Dr. Len Lichtenfeld de la société américaine de Cancer. Mais il a signalé à l'attention du Dr Lang, que les virus génétiquement modifiés pourraient être très toxiques d'utilisation chez l'homme.

"Nous devons être très, très soigneux" et bien étudier le traitement expérimental, précise le Dr Lichtenfeld car ajoute-t-il "il y a trop de situations où les médecins, les patients et les familles ont obtenu des nouvelles très prometteuses au sujet de médicaments qui se sont ensuite avérés inefficaces et nous devons éviter cela."

L'institut national de Cancer américain, très enthousiaste sur ces résultats attribue 1 million de dollars pour commencer les essais cliniques chez l'homme à partir de ce virus. Le Docteur Lang espère commencer à inscrire des patients atteints de glioblastome pour des essais cliniques dès l'hiver 2004.

Le virus devrait viser également d'autres tumeurs pleines, a-t-il ajouté.

"S'il y a aujourd'hui une maladie qui a besoin d'une approche rapide, c'est bien le Glioblastome" ajoute le Docteur Lang, qui rapporte ces résultats cette semaine auprès de l'institut national de Cancer américain.

Les Glioblastomes sont les tumeurs primaires de cerveau les plus commune chez les adultes, frappant environ 7.000 Américains par année, et c'est le plus mortel. La survie est aujourd'hui seulement d'une année, un taux bien faible qui n'a pas changé depuis des décennies en dépit des améliorations des traitements de chirurgie, de rayonnement et de chimiothérapie.

Comment fonctionne l'adénovirus modifié pour s'attaquer efficacement aux tumeurs ?

Avant que le système immunitaire ne détecte et élimine un virus, l'adénovirus pénètre et infecte la cellule pour se reproduire, tuant aussi la cellule dans ce processus.

La modification génétique doit faire que l'adénovirus ne s'attaque qu'aux cellules tumorales et non au tissu sain, c'est d'ailleurs ce que les scientifiques essayent de faire, mais sans grand succès, depuis 10 ans.

La dernière tentative emploie une approche différente.

Dans les cellules normales, le retinoblastome, ou Rb, bloque le virus envahissant et l'empêche de se reproduire. La protéine de Rb peut également bloquer la division non contrôlée des cellules tumorales. Les tumeurs pleines manquent alors de Rb pour se développer.

L'adénovirus contient un gène qui neutralise le Rb. Le Dr. Juan Fueyo de M.d. Anderson a donc changé ce gène, permettant ainsi au virus d'infecter les seules cellules tumorales Rb déficientes.

Cependant, ce virus modifié n'avait qu'une faible efficacité. La nouveauté a été un autre changement génétique pour que l'adénovirus s'accroche aux cellules tumorales en se liant cette fois aux molécules appelées les integrines qui sont communes à la surface des cellules de cancer. Et là ça a été très efficace.

Le virus résultant de ces deux mutations, le "Delta-24-RGD doublé" a balayé les tumeurs de cerveau de souris comme une vague, laissant les cellules mortes de cancer dans son sillage.

La grande question désormais est de savoir si les systèmes immunitaires de l'homme n'attaqueront pas le virus modifié avant qu'il ne pénètre les cellules tumorales. Le virus devrait donc être injecté directement dans la tumeur afin de retarder ou d'éviter la réaction immunitaire normale.

"Cela va être une course," ajoute le Docteur Lang. Mais "Nos études suggèrent qu'il y a une certaine fenêtre de temps entre l'action du système immunitaire et celle du virus".

Journal de l'institut national de Cancer, Copyright 2003 La Pression Associée. Tous droits réservés.

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