ASSOCIATION POUR LA RECHERCHE SUR LES TUMEURS CÉRÉBRALES
(régie parla loi de 1901)
Division Mazarin - Hôpital de la Salpêtrière,
47 bd de l'Hôpital, 75651 PARIS cedex 13,
Tél :01 45 83 36 78
E - mail : contact@artc.asso.fr
site internet: www.artc.asso.fr
Association pour la Recherche
sur les Tumeurs Cérébrales
NOUVEAU BUREAU DE L'ARTC
Présidente: Marie-Claude Berthy
Vice-président : Professeur Khê Hoang-Xuan
Trésorier : Joël Badé
Secrétaire générale adjointe: Monique Haillant
Administrateur : Florence Chiron. Chargée des délégations, et secrétaire générale par intérim
Administrateur : Claude Forget.
Responsable de la commission des patients
Administrateur: Marie-France Gruet. Chargée de l'observatoire des facteurs Vous venez de me faire l'honneur de m'élire présidente de l’ARTC .
Déclaration de la nouvelle Présidente
C'est une responsabilité des plus importantes que vous me confiez tous, je saurai m'en montrer digne.
Une association ne peut exister avec seulement une présidente, c'est ensemble
que nous construirons l'avenir, votre rôle est essentiel.
Marie-Claude Berthy
Portrait d'une chercheuse

Irma Segovanio
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Les hormones comme piste de recherche sur le glioblastome
Des essais cliniques pour les tumeurs de bas grade
Témoignage d'un patient
La vie des délégations
BRÈVES
Décès d'un fondateur
Nous avons la tristesse d'annoncer le décès du Pr Michel Poisson, cofondateur de l'ARTC, survenu brutalement le 7 mai 2021. l.'ARTC adresse ses condoléances et toute sa sympathie à sa fille Laurence. Nous reviendrons sur son importante contribution aux avancées de la recherche dans le prochain numéro de la Lettre.
PROJETS COLLABORATIFS DE RECHERCHE
La Ligue contre le cancer, la Fondation ARC et l'lnstitut national du cancer se sont alliés pour soutenir en 2021 la recherche sur les tumeurs cérébrales avec un appel à projet financé à hauteur de 4,5 millions d'euros. Le but est de fédérer les équipes de recherche autour de projets collaboratifs et multidísciplinaires dans cette thématique. Plus d'une quarantaine de projets ont été déposés en mars, montrant le dynamisme et l'importance des besoins de la recherche dans le domaine. Un jury international sélectionnera les meilleurs projets cet été.
LE DROIT A L’OUBLI
L'année 2021 aura été marquée par l'arrivée de l'onglet « Patients-Aidants ›› sur notre site. Les patients, proches et aidants disposent de réponses précises à des questions pratiques. Ils peuvent davantage devenir acteurs du parcours de soins et faire valoir leurs droits pendant et après le cancer. Les priorités du second semestre seront la demande d'intégration des méningiomes dans la grille de référence du « droit à l'oubli ›› de AERAS (s'Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) et la demande d'agrément parle Ministère qui permettra aux représentants des usagers de participer aux instances régionales et nationales de la santé.
SEMAINE INTERNATIONALE DE SENSIBILISATION
Cette année, la Semaine internationale de sensibilisation aux tumeurs cérébrales se tiendra du samedi 30 octobre au samedi 6 novembre inclus. Créée par l'lBTA (International Brain Tumour Alliance) en 2007, cette semaine est une célébration des activités de sensibilisation dans lesquelles les acteurs de la recherche s'unissent pour attirer l'attention sur la nécessité d'un effort accru.
À PROPOS DE
Irma Segoviano, doctorante dans l'équipe de recherche GlioTex, travaille dans le laboratoire « Génétique et développement des tumeurs cérébrales ›› sous la direction du Pr Ahmed ldbaih à la Pitié-Salpêtrière (lnstitut du Cerveau) sur le récepteur de l'hormone de croissance qui pourrait jouer un rôle déterminant dans le développement de certains glioblastomes. L'objectif est de développer un traitement contre le glioblastome en bloquant l'action de ce récepteur.
Comment est née l'idée de votre projet de recherche ?
Le glioblastome est la tumeur du cerveau considérée par l'OMS comme la plus agressive et la plus fréquente chez l'adulte. Malheureusement, il n'existe pas encore à l'heure actuelle de traitement pouvant guérir les patients de manière définitive. ll nous faut donc trouver des traitements innovants. Nous savons aujourd'hui que chaque glioblastome est unique en ce sens qu'il comporte des anomalies moléculaires qui lui sont propres, traduisant des mécanismes de développement spécifiques offrant en conséquence autant de pistes pour des traitements ciblés. Avec cette idée en tête, nous avons cherché à classer les tumeurs en fonction des anomalies moléculaires présentes en leur sein. Ce recensement nous a permis d'identifier un sous-groupe de glioblastomes ayant la particularité de présenter une protéine en quantité anormalement élevée à leur surface, en l'occurrence le récepteur de l'hormone de croissance. Cette hormone, sécrétée physiologiquement par la glande de l'hypophyse, est bien connue pour son rôle important dans le métabolisme humain et, comme son nom l'indique, dans la stimulation de la croissance des tissus et des organes, notamment lors du développement de l'embryon jusqu'à l'âge adulte. Cette molécule est donc une nouvelle cible intéressante pour le traitement des glioblastomes qui l'expriment anormalement; c'est en tout cas notre hypothèse.
Comment menez-vous votre recherche ?
L'objet de mon étude est de comprendre comment ce récepteur à l'hormone de croissance peut intervenir biologiquement dans l'initiation et le développement d'un sous-groupe de glioblastomes où il est surreprésenté. Je m'intéresse également à ce récepteur comme cible thérapeutique dans les glioblastomes avec surexpression de ce récepteur. Je mène mes expériences au laboratoire sur des cellules de glioblastome provenant d'échantillons de tumeurs opérées que l'on cultive dans des boîtes de Pétri, mais également sur des souris souffrant de glioblastome. Ces modèles expérimentaux nous permettent aussi de tester l'efficacité de nouvelles molécules.
À quel stade en sont les recherches ?
À ce stade, nous avons pu identifier deux types de glioblastomes: 1° certains avec des anomalies moléculaires du récepteur au facteur de croissance épithélial, qui sont bien connus ; 2° d'autres avec des anomalies moléculaires du récepteur à l'hormone de croissance, qui font l’originalité de mes travaux. Nous avons démontré que l'hormone de croissance et son récepteur jouent un rôle clé dans le développement et la croissance des glioblastomes présentant justement des anomalies moléculaires du récepteur à l'hormone de croissance. Nous avons également identifié par une analyse bio-informatique des molécules chimiques pouvant inhiber le récepteur de l'hormone de croissance. Nous testons actuellement ces molécules sur un modèle expérimental constitué de cellules de glioblastome cultivées dans des boites de Pétri. Si nous montrons que ces molécules chimiques empêchent bien le développement des cellules de glioblastome, ce serait une preuve de concept qui pousserait à développer ce projet sur une autre échelle, dans la perspective de préparer un essai clinique pour un nouveau type de médicaments contre ce sous-groupe de glioblastomes.

Gliome de bas grade temporal gauche
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Des essais cliniques pour les tumeurs de bas grade ?
Interview du Dr Mehdi Touat, chef de clinique dans le service de neuro-oncologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il est le coordinateur national de l'essai international INDIGO consacré au traitement des gliomes de bas grade.
Qu'appelle-t-on les gliomes de bas grade ?
Les gliomes de bas grade sont des tumeurs cérébrales primitives rares qui touchent principalement les jeunes adultes. Ils se développent à un rythme plus lent et sont généralement associés à un meilleur pronostic en comparaison des gliomes de haut grade. Ces tumeurs sont fréquemment révélées par des crises d'épilepsie qui conduisent à découvrir la tumeur à l'lRM. Le diagnostic repose sur l'analyse microscopique de la tumeur obtenue par une biopsie ou une exérèse chirurgicale.
Y a-t-il eu des progrès dans la connaissance de ces tumeurs ?
En effet, l'analyse de l'ADN tumoral a permis de montrer que les gliomes de bas grade présentent dans leur grande majorité une mutation dans les gènes, appelée IDH, qui constitue une signature moléculaire de la tumeur. Ensuite, on distingue les oligodendrogliomes, qui ont en plus d'une mutation IDH une perte combinée des chromosomes 1p-19q, et les astrocytomes, qui n’ont seulement qu’une mutation IDH. Enfin, l'analyse approfondie d'autres caractéristiques histologiques et moléculaires permet de mieux préciser le pronostic des patients et de décider du traitement optimal.
Sur quoi repose le traitement des gliomes de bas grade ?
Le traitement repose avant tout sur l'exérèse chirurgicale quand elle est possible. De grands progrès ont été réalisés ces dernières années pour réduire le risque de séquelles, et il est parfois possible d'opérer les patients en condition éveillée. Pour contrôler l'absence de conséquences fonctionnelles lors du geste opératoire. La radiothérapie et la chimiothérapie sont aussi des traitements efficaces. Cependant, il n'y a pas encore de consensus sur le moment où ces traitements doivent être administrés, ni sur la séquence optimale de délivrance de ces traitements. Par exemple, faut-il proposer une radiothérapie seule ou en association à la chimiothérapie.
Faut-il faire ces traitements complémentaires immédiatement après la chirurgie, ou bien à distance en cas d'évolution de la tumeur, et chez quels patients ?
En pratique, la stratégie thérapeutique est discutée au cas par cas en réunion de concertation pluridisciplinaire. Nous essayons de comprendre maintenant comment ces cellules sénescentes favorisent la croissance tumorale. Nous travaillons pour cela avec de nouvelles technologies et il est apparu que ces cellules agissent au niveau du système immunitaire. Les molécules qu'elles sécrètent favorisent l’établissement d'un environnement immunosuppresseur qui pourrait contribuer au développement tumoral.
Quels sont les grands essais cliniques en cours ?
On peut citer deux études principales. Un essai européen appelé I-WOT a pour but de préciser le meilleur moment pour traiter par radiothérapie et chimiothérapie les patients atteints d'un astrocytome de bas grade. Il y a aussi un essai français appelé POLO qui va prochainement débuter. Il concerne les patients souffrant d’oligodendrogliome de bas grade et vise à comparer l'efficacité d'une chimiothérapie à une combinaison de chimiothérapie et d'une radiothérapie, avec une attention particulière sur la préservation des fonctions neurologiques et de la qualité de vie. Ces essais vont demander plusieurs années mais permettront de mieux définir l'utilisation des traitements conventionnels chez les patients atteints d'un gliome de bas grade.
Existe-t-il de nouveaux médicaments ?
Le deuxième champ de recherche important est celui des thérapies ciblées. Pour comprendre, il faut revenir à la biologie de ces tumeurs. Les mutations des gènes IDH qui caractérisent les gliomes de bas grade modifient le métabolisme cellulaire conduisant à la production d'un métabolite anormal qui s'appelle I'hydroxyglutarate et qui va favoriser la formation et le développement de la tumeur. Des chercheurs et des industriels ont fabriqué un médicament qui va justement empêcher la production d'hydroxyglutarate. Ce traitement a I‘avantage d'inhiber sélectivement les cellules tumorales, sans endommager les tissus sains. Il s'agit d'une thérapie ciblée.
Les résultats sont-ils encourageants ?
Après une démonstration de leur efficacité dans des modèles cellulaires et animaux, ces thérapies ciblées sont entrées en phase clinique. Les essais précoces visant à établir la sécurité des traitements ont apporté plusieurs informations. Premièrement, il a été montré que les thérapies ciblées anti-IDH génèrent très peu d'effets secondaires, notamment en comparaison de la chimiothérapie. Ces essais ont également permis de montrer que certaines thérapies ciblées anti-IDH pénètrent très bien dans le cerveau et permettent d'inhiber la production tumorale d'hydroxygIutarate. En termes d'efficacité, ils ont montré des résultats spectaculaires dans d'autres maladies tumorales porteuses de mutations IDH, comme les leucémies. Ces inhibiteurs font désormais l'objet d'essais dans les gliomes de bas grade, notamment l'essai randomisé INDIGO actuellement ouvert en France. D'autres approches récentes concernent le développement de vaccins ciblant les mutations des gènes IDH avec des résultats prometteurs, mais ceux-ci sont encore en phase précoce de développement. Après de nombreuses années sans nouveau traitement pour les gliomes de bas grade, il faut donc s'attendre à l'arrivée dans les prochaines années de nouveaux médicaments issus de ces recherches.
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