26/11/2018
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Interview du Professeur Jean-Yves Delattre, Hôpital La Salpêtrière, Paris

Interview (mai 2010) du Pr. Jean-Yves Delattre, professeur de neuro-oncologie, chef de service neurologie Mazarin, Hôpital de la Salpêtrière 75013 PARIS France par notre partenaire IBTA (International Brain Tumour Alliance) qui fédère toutes les associations de tumeurs dans le Monde.
Une video du Pr. Delattre dans son bureau à La salpêtrière de septembre 2011

Source
Pr Jean-Yves Delattre, La Salpêtrière 75013 Paris

Pr Delattre La Salpêtrière
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Teamwork helps to grow hope (teamwork : travail d'équipe)

La collaboration, le travail d'équipe, aide à cultiver l'espoir

[IBTA] : Où avez-vous passé votre enfance ? 

[J-Y D] : J'ai passé mon enfance dans différentes  provinces de France, en suivant mes parents et mes quatre frères.  J’aimais vivre dans ces petites villes de ce qu’on appelle “La France profonde” et j’aimerais y retourner vivre plus tard. 

[IBTA] : Est-ce que vous venez d'un environnement familial ayant un  lien avec la médecine ou la recherche? 

[J-Y D]: Non, pas du tout. Aller en médecine était vu par mes parents comme une idée curieuse comparée aux affaires ou au métier d’ingénieur qui étaient considérés pour eux pour être plus prestigieux, mais ils m'ont encouragé

[IBTA] : Qu'est-ce qui vous a attiré dans la médecine et, plus tard, dans les tumeurs de cerveau ?


 [J-Y D] : C’est un besoin très primitif, instinctif de soigner les gens. Cela n’a rien à voir avec une philosophie, une religion ou toute sorte de considération morale. Quand je rencontre un infirmier, quel que soit son statut, je peux l’identifier presque tout de suite, comme si nous étions des êtres identiques. Je suis également très sensible aux différents aspects des soins de base (comme par exemple, être sûr que le malade est bien soigné) et cela provient peut-être du fait que j'ai travaillé comme infirmier pendant une année. J'ai un très grand respect pour les travaux des personnels soignants. L'intérêt pour les  tumeurs de cerveau est en rapport avec les personnes que j’ai rencontrées et mes mentors (Le Professeur Michel Poisson en France et le Professeur JB Posner aux États-Unis). Je leur suis extrêmement reconnaissant.Très tôt, ils ont perçu qu'un jour, la médecine réussirait dans notre simple but  "guérir sans séquelles".

[IBTA] : Comment faites-vous pour vous détendre ?  Jouez-vous de la musique,  faites-vous des promenades, faites-vous du bateau ? Avez-vous un passe temps ? 


[J-Y D] : C’est en famille avant tout. Je suis fasciné par nature et le jardinage  est mon passe temps.  Au printemps la vie gagne toujours! Dans chaque pays où je vais, je rapporte une plante et j’essaie de l'adapter au climat Parisien, mais cela ne marche pas toujours.

[IBTA]: Comment vous débrouillez-vous avec tous  les défis émotifs et psychologiques qui surviennent personnellement de votre travail ? 

[J-Y D] : C'est vraiment très difficile. Travailler en équipe est nécessaire pour partager ces défis émotifs avec les professionnels. Ce n'est pas possible de partager ces sensations avec sa famille. Les malades et leurs familles sont très utiles et le lien est souvent fort. Ce qui m'étonne c’est de réaliser que bien que les malades et les familles sachent nos faiblesses et nos échecs, ils sont proches de nous, presque qu’inconditionnellement car ils considèrent que nous faisons de notre mieux. Je garde précieusement les lettres personnelles des malades et des familles qui indiquent que, en dépit de tout, nous pouvons aider. Dans les temps difficiles, je relis souvent ces lettres. 

[IBTA] : Est-ce que vous anticipez des percées considérables dans les thérapies sur les tumeurs de cerveau dans les dix prochaines années? Et si oui, dans quels domaines ? 


[J-Y D] : Je suis optimiste. L'époque des pionniers est derrière nous. Nous sommes plutôt bien organisés et nous collaborons avec la communauté de la neuro-oncologie mondiale. L'information circule et nous avons maintenant un support public substantiel. La richesse de la connaissance de base acquise sur les dix dernières années est vraiment considérable. Je n'ai aucun doute que cette connaissance apportera des avances thérapeutiques. Si nous acceptons des déceptions transitoires et améliorons notre capacité à apporter rapidement de nouveaux médicaments aux malades ("l’autoroute thérapeutique"), en particulier avec les traitements ciblés, nous devrions être capables de faire un pas supplémentaire vers "la guérison  sans séquelle" qui est le but.  

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