
Le monalizumab, inhibiteur du checkpoint lymphocitaire NKG2A
Le monalizumab, (IPH2201) médicament d'un laboratoire marseillais Innate Pharma (Euronext Paris: FR0010331421 ) en partenariat avec Astra-Zeneca en essai sur les cancers de la tête et du cou (pas les gliomes).
Qu'appelle-t-on cancer de la tête et du cou
Ce ne sont pas les tumeurs de cerveau comme les gliomes. Il existe deux groupes dans les cancers « tête et cou ». Le premier, le plus important, regroupe les cancers de la cavité buccale, du pharynx et du larynx. Ces cancers représentent 90 % des tumeurs « tête et cou ». Ils sont favorisés par le tabac et l’alcool.
Les 10 % restants sont des tumeurs plus rares, situées dans les fosses nasales ou dans les sinus, ou dans les glandes salivaires. Enfin, une forme particulière de cancer situé au niveau de l’arrière des fosses nasales, le cancer du nasopharynx, se rencontre essentiellement dans les pays asiatiques ou dans le bassin méditerranéen est souvent provoqué par un virus, l’Epstein Barr virus, qui infecte les patients au cours des premières semaines de vie.
Les cancers de la tête et du cou, plus rares chez la femme, représentent environ 7 % des cancers observés chez l’homme. Leur traitement est complexe. Il dépend des caractéristiques de la tumeur qui guident le choix entre la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et les nouveaux médicaments qui ciblent de manière spécifique le cancer. Définir la meilleure stratégie suppose une concertation entre les médecins spécialisés dans ces différents domaines et rassemblés au sein d’une équipe multidisciplinaire.
Nature du médicament monalizab (IPH2201)
C'est un nouvel anticorps monoclonal humain de type immunoglobine G4 (IgG4), anti-NKG2A qui potentialise les réponses des cellules T, incluant les réponses anti-tumorales par blocage du chexkpoint des lymphocytes. CD94/NKG2A est un récepteur et un point de contrôle qui inhibe les fonctions anti-cancéreuses des cellules tueuses naturelles (NK) et des cellules T cytotoxiques. NKG2A reconnait une molécule du soi, HLA-E. Cette reconnaissance empêche l’activation des cellules immunitaires exprimant NKG2A. Différentes tumeurs solides ou hématologiques expriment HLA-E, ce qui les protège de la destruction par les cellules immunitaires NKG2A+. Monalizumab est un anticorps IgG4 humanisé qui bloque la fonction inhibitrice de NKG2A. Ainsi, monalizumab pourrait rétablir une réponse anti-tumorale large, médiée par les cellules NK et les lymphocytes T. Monalizumab pourrait également accroître le potentiel cytotoxique d’autres anticorps thérapeutiques. Le monalizumab est actuellement en essai avec le cétuximab (Erbitux), le seul traitement ciblé approuvé pour le traitement des cas récurrents / métastatiques et des cancer du cou. Le taux de réponse avec Erbitux est d'environ 13% et sa durée de réponse inférieure à 6 mois laissent un besoin médical non satisfait significatif pour cette population de patients. Avec ce nouveau médicament, on passe à 27,5 % (le double donc). L'immuno-oncologie pourrait jouer un rôle clé dans le traitement du cancer de la tête et du cou, comme en témoignent diverses données émergentes et très prometteuses. L'association du monalizumab et du cetuximab pourrait renforcer l'efficacité du cetuximab en activant le système immunitaire. Il s’agit d’un raisonnement à double mécanisme très attrayant ». Le médicament est le fruit d'une collaboration entre Innate Pharma à Marseille et le grand laboratoire Astra Zeneca.
Essais cliniques en cours
4 essais cliniques sont en cours dont
Un essai de phase Ib / II sur le monalizumab en association avec le cetuximab chez des patients atteints d'un cancer de la tête et du cou en rechute ou réfractaire mené en Europe et aux États-Unis.
L'article paru dans la Provence du jeudi 25/10/2018
Une nouvelle moléculemarseillaise d’immunothérapie, le monalizumab, se révèle efficace sur certains cancers de la tête et du cou (pas les tumeurs de cerveau) et vise à être le 8ème médicament d'immunothérapie validé.
Des chercheurs marseillais viennent de marquer des points contre le cancer avec l’ïmmunologie qui est en train de révolutionner les traitements habituels. Leader en France dans cette discipline, le CIML a testé une nouvelle molécule, le monalizumab. L'équipe scientifique, le Centre d'immunologie de Marseille-Luminy (CIML) est une communauté de chercheurs nichée dans la pinède qui, voici 40 ans, a fait le pari de l'immunothérapie pour soigner le corps en utilisant ses propres défenses. À l'époque. ils n'étaient qu`une poignée d’utopistes à y croire. Le monalizumab se révèle efficace sur les métastases au cerveau de carcinomes. Autour du CIML s'est bâtie Marseille Immunopole, rassemblant l'AP-HM, Aix-Marseille Université, l`Inserm, le CNRS et Innate Pharma. Plus d`un millier de personnes travaillent sur ce projet qui est en train de devenir gagnant. Au cœur de Marseille lmmunopole, le CIML et le Professeur Éric Vivier sont en train de marquer des points contre le cancer comme le furent les antibiotiques. L’immunothérapie vient d'être couronnée par le prix Nobel de médecine, attribué à l'Américain Allison et au japonais Honjo pour la mise au point de médicaments qui se sont révélés efficaces contre des cancers très sévères. La méthode est de rendre plus efficaces certaines cellules du système immunitaire (les lymphocytes), de façon à leur permettre de neutraliser les cellules cancéreuses. Le professeur Éric Vivier [AMU, AP-HM), ancien directeur du CIML est aujourd’hui directeur scientifique d'Innate Pharma et vise avec monalizab les cancers de la tête et du cou récidivants. Associé à l’Erbitux (cetuximab), un autre médicament déjà approuvé, le monalizumab a été testé sur 40 malades dans plusieurs centres, à Paris, aux Etats-Unis, à Marseille (AP-HM). Les résultats ont été dévoilés à Munich la semaine dernière, lors d'un grand congrès de cancérologie européen (Esmo) et seront bientôt publiés dans une grande revue internationale. "On a observé que Ie taux de survie a été sensiblement augmente' ainsi que le contrôle de la maladie", résume le Professeur Vivier. Jusqu'à présent, sur ces cancers résistants à la chimio et à la radiothérapie, les traitements d'imrnuno-oncologie obtenaient un taux de réponse de 13 à 16%. Avec ce nouveau médicament, on passe à 27,5 % (le double donc). Jusque-là condamnés, "certains malades sont en rémission complète. Et cela, sans efiets secondaires dus à la chimiothérapie, si ce n'est une sécheresse de la peau et une inflammation intestinale", souligne Éric Vivier. Une nouvelle phase d'essais cliniques, de grande ampleur, doit être lancée pour que la molécule soit approuvée. Outre l'espoir pour les malades, les perspectives seraient énormes pour le tissu économique régional. A ce jour, 7 médicaments d`immunothérapie contre le cancer sont disponibles sur le marché. Dans cette compétition internationale contre ces maladies meurtrières, le CIML est bien placé.
Sophie MANELLI Journal La Provence du 25/10/2018
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