27/03/2019
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Actualité scientifique 35 des glioblastomes


Les rayons alpha efficaces sur les glioblastomes

Actualité n°35 du 02/04/2013

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Les résultats très prometteurs des essais cliniques indiquent que des radio-isotopes émetteurs de particules alpha sont capables de détruire les cellules cancéreuses. Le Centre commun de recherche de la Commission et le Deutsches Krebsforschungszentrum ont présenté ce traitement innovant lors d'un récent colloque à Heidelberg. La radio-immunothérapie alpha devrait devenir une thérapeutique efficace au cours des prochaines années et offrir de nouveaux moyens de guérison aux patients.

Comment le mécanisme de destruction du cancer fonctionne-t-il ?

Un vecteur spécifique des cellules cancéreuses (p. ex. un anticorps monoclonal ou un peptide) est couplé à un puissant radio-isotope qui, en se désintégrant, émet des particules capables d'anéantir directement ou indirectement toutes les cellules cancéreuses qu'elles rencontrent. Comme l'a déclaré M. Philippe Busquin, commissaire européen à la Recherche : "D'autres travaux sont nécessaires". Mais, selon les experts, les résultats des études précliniques et des premiers essais cliniques sont prometteurs. Les isotopes chercheurs à action destructrice devraient être utiles dans la lutte contre plusieurs cancers tels que la leucémie et le lymphome (affections hématologiques malignes), les carcinomes micrométastasiques intrapéritonéaux (ovarien, gastrique, etc.), le glioblastome et le traitement post-opératoire des gliomes, mélanomes, tumeurs du colon et myélomes, et le traitement palliatif de l'ascite maligne. Des coopérations multidisciplinaires entre les meilleures équipes européennes sont nécessaires afin de développer cette approche novatrice. Le cancer est une des priorités cruciales du prochain programme de recherche communautaire qui sera lancé plus tard dans l'année.

Un des objectifs essentiels du 6e programme cadre de recherche et développement de la Commission européenne (2003-2006) est la Lutte contre le cancer. Globalement, juste un peu plus d'un milliard d'euros ont été affectés à la lutte contre les maladies graves, dont au moins 400 millions à la recherche sur le cancer. Le but est d'améliorer les stratégies visant à combattre cette affection, depuis la prévention jusqu'au traitement en passant par le diagnostic. La recherche communautaire s'attachera principalement à traduire les nouvelles connaissances issues de la génomique et d'autres sphères de la recherche fondamentale en applications susceptibles d'améliorer la pratique clinique et la santé publique.

Pour ce qui concerne les travaux sur les isotopes destructeurs de cellules cancéreuses, seuls deux organismes sont actuellement capables de produire de telles substances dans le monde: l'Institut des Transuraniens (une branche du CCR) de la Commission européenne et les Oak Ridge National Laboratories aux États-Unis.

Les résultats récents des études cliniques faisant appel au bismuth-213 pour combattre la leucémie myéloïde aiguë et les premières évaluations de l'application directe de l'actinium-225 montrent que la direction est la bonne. Alors que le premier de ces isotopes se désintègre en n'émettant qu'une seule particule alpha, le second possède une chaîne de désintégration à 4 particules alpha qui le rendrait beaucoup plus efficace, du moins lorsque la totalité de son potentiel sera exploitable. Aucune toxicité aiguë n'a été observée au niveau de dosage le plus élevé (de l'ordre de 100 ml de Bi-213). Cette percée ouvre la voie à l'analyse d'autres émetteurs de particules alpha au stade clinique également.

La Commission a encouragé les travaux pionniers du Deutsches Krebsforschungszentrum (DKFZ) et du Kantonspital de Bâle, où les premiers patients ont été soignés respectivement pour des lymphomes non hodgkiniens et des glioblastomes. A ce jour, 37 malades ont été traités à l'aide de bismuth-213 ou d'astatine-211 aux États-Unis et 11 en Europe.

D'autres études très prometteuses consacrées au traitement du mélanome par injection locale d'un anticorps conjugué à du Bi-213 stimulent la connaissance scientifique, et plusieurs hypothèses relatives aux mécanismes de l'action destructrice des particules alpha peuvent donc être validées. L'utilisation d'isotopes émetteurs de particules alpha extrêmement radiotoxiques n'étant pas une pratique hospitalière courante pour l'instant, des exigences strictes doivent être respectées pour que cette technique puisse être appliquée à grande échelle.

La génomique et la protéomique de pointe devraient permettre de bien comprendre les processus qui gouvernent l'application des émetteurs alpha et autres radio-isotopes. Cette connaissance détaillée aidera non seulement à combattre le cancer, mais aussi à comprendre comment l'exposition à de faibles doses de radiations affecte les caractéristiques génétiques de l'Homme. L'espoir est d'arriver, à terme, à concevoir des médicaments ou des traitements personnalisés en étudiant les spécificités de certaines affections et leur expression génétique.

Vocabulaire : rayons alpha et béta

Les rayons alpha et béta ne sont pas des ondes. Il s'agit de particules riches en énergie qui sont expulsées de noyaux atomiques instables. Dans le cas des rayons alpha, les particules d'énergie sont relativement grandes et lourdes : il s'agit d'atomes d'hélium constitués de deux protons et de deux neutrons. De ce fait, les rayons alpha ne sont pas très pénétrants et sont rapidement freinés. Une feuille de papier ou une couche d'air de 3 cm suffit à les retenir. Ces particules sont expulsées du noyau atomique à une vitesse de 16 000 km à la seconde.


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